Au fil des âges

Au fil des âges : comment l’odorat évolue-t-il ?

In utero

Les sens chimiques sont, avec le toucher, les premiers à se différencier au cours du développement humain. Ils fonctionnent dès la naissance, et même avant. Ils régulent alors les premiers ajustements sociaux et alimentaires du nouveau-né et du nourrisson et construisent les préférences et les aversions de l’enfant. Les systèmes chimiorécepteurs du nez se développent dès le premier trimestre de gestation. Le système olfactif est visible dès 9 semaines, lorsque le fœtus ne pèse que 2 grammes, et le système trigéminal réagit à des touchers dans le nez dès 7-8 semaines. Bien qu’ils soient baignés de liquide amniotique, ces deux systèmes fonctionnent au cours des derniers mois de gestation et enregistrent les odeurs du liquide amniotique.
Les nouveau-nés apprécient les odeurs d’anis, d’ail, de carotte ou d’alcool lorsque leur mère a consommé en fin de grossesse des aliments/boissons contenant ces arômes. C’est donc riche d’attentes chimiosensorielles construites in utero par les odeurs, saveurs et flaveurs apportées au fœtus par la mère gestante, que le nouveau-né vient au monde. Les effets de ces apprentissages fœtaux peuvent perdurer pendant des mois, voire des années, et influencer ainsi le comportement alimentaire de l’enfant. Mais la propension fœtale à acquérir des préférences pour les odorants importés par les choix maternels peut aussi être à l’origine de comportements maladaptifs. Par exemple, l’exposition fœtale à l’alcool ou à la nicotine facilite l’engagement de la consommation de ces substances à l’adolescence. De même, l’exposition fœtale à une alimentation déséquilibrée en sucres et en lipides se traduit par la suite par des préférences renforcées pour des aliments de même type.

Chez la personne âgée

L’olfaction a tendance à progressivement se détériorer avec l’âge, une diminution des capacités olfactives apparaissant vers l’âge de 60 ans et s’accentuant après 80 ans. Il a été ainsi montré que le vieillissement est accompagné d’une diminution de la sensibilité pour de nombreux odorants incluant les molécules qui évoquent des odeurs alimentaires ou des odeurs de gaz. Du point de vue cognitif, les études montrent une diminution de la capacité d’identification des odeurs avec l’âge. Par analogie avec la presbytie ou la presbyacousie, ces pertes olfactives liées à l’âge sont qualifiées de presbyosmie. Ces modifications de l’odorat seraient, entre autres, liées aux nombreux changements apparaissant avec l’âge dans l’épithélium olfactif (diminution du mucus sécrété, diminution de l’épaisseur de l’épithélium), le bulbe olfactif (atrophie du bulbe olfactif) et les aires olfactives centrales.